Avec Émilie pendant 3 bonnes années nous avons passé quasiment 2 à 3 soirées par
semaine à vadrouiller en pleine forêt, à traverser des prés, des vallons et
ruisseaux… Dès que l’on rentrait du boulot, nous partions crapahuter à la
recherche de plantes, de traces d’animaux, du chant de la hulotte, de celui du
moyen duc ou du bruissement des feuilles sous le pas des chevreuils. La
curiosité nous emmenait sur de nouveaux chemins à découvrir et franchir une colline
pour voir ce qu’il y avait derrière.
Le
lendemain, il nous est arrivé tout naturellement de répondre à la question de
nos collègues « Alors t’as fait quoi de beau hier soir ? », nous
leur répondions : « On est allé pique-niquer ! », et eux
les yeux écarquillés, nous prenant pour des fous« Quoi ? un
soir ? En Janvier ? ».
Bien
sûr, en hiver, la nuit tombe vite… C’est là où l’on vous emmène aujourd’hui
avec cet article.
Découvrir la nature autrement à travers un paysage sensoriel
Dans
les premiers temps, rien ne sert de se lancer dans la nuit en pleine nature si
vous n’avez pas l’habitude de le faire en plein jour.
Commencer
par être bien rodé, avec une bonne connaissance du coin que vous envisagez de
découvrir dans le noir. Un minimum d’expérience et de savoir-faire du terrain
et un peu de matériel qui tient la route (vêtements et chaussures adaptés
notamment).
Débuter
par des chemins très familiers avant de partir à travers forêts et prairies.
Quand vous allez commencer à quitter les sentiers battus, allez-y
progressivement, en prenant un azimut à l’aller et son opposé au retour afin de
recroiser le chemin que vous avez quitté en début de balade.
Vos
sensations vont être très différentes, la vue sera très réduite. En venant d’un
endroit éclairé sans excès, compter environ 3 minutes pour l’adaptation des
pupilles et 1 heure pour l’optimiser dans le noir, le temps que les bâtonnets
prennent le dessus chimiquement sur les cônes.
Mais
attention à tout type d’éclairage, comme la lampe frontale pour lire une carte
ou les phares d’une voiture qui vont perturber notablement cette adaptation.
Des
bruits nouveaux peuvent venir vous perturber, voir vous inquiéter, ainsi que la
marche plus lente et l’équilibre peu sûr en dehors des sentiers et zone planes,
mais tout cela font partie des joies des balades nocturnes.
Développer les autres sens
Vous
l’aurez compris, la lampe sera vite éteinte pour en profiter pleinement et
développer l’ouie, le toucher (surtout du bout des semelles), mais aussi
l’odorat, et votre vision nocturne. Dés qu’il y a un peu de luminosité
(étoiles, lune) vos yeux vont pouvoir distinguer des formes, des contrastes. En
effet, il est assez rare de se retrouver dans le noir complet, sauf si le ciel
est bien couvert, cachant les étoiles et la clarté de la lune donc, ou que vous
vous retrouvez dans une forêt de conifères bien dense et loin de toute source
de lumière (route, ville…).
Une
fois les peurs et doutes apprivoisés vous allez découvrir un autre monde
vraiment fascinant, profiter de ces moments de calme pour vous poser et écouter
avec tous vos sens la nature qui vit autour de vous.
Le
retour est parfois difficile pour les yeux, les phares des voitures sont
agressifs, les bruits urbains aussi, mais surtout, au bout de quelques sorties,
vous aller vous rendre compte que vos sens deviennent plus aiguisés. Vous allez
prendre conscience des bruits et des odeurs que, jusqu’à maintenant vous ne
remarquiez pas, ou tout du moins que vous ne perceviez pas consciemment. Votre
proprioception va se développer et bien sûr votre perception de l’environnement
d’un lieu plongé dans l’obscurité va changer grandement. Vous allez apprendre
par cœur le rangement de votre sac à dos, les yeux fermés ;o)
Avant de partir, un peu d’équipement :
_Bien
sûr vous pensez de suite à une lampe de poche, oui mais… c’est juste au cas où,
ou pour vérifier de ne pas se retrouver dans le fossé. Avec les piles neuves et
ou de rechange ;o). Enfin, pensez à adapter votre lampe avec un filtre
rouge, pour moins vous éblouir. Certaines lampes ont des filtres prévus (le
modèle Tactikka de lampe frontale Petzl par exemple) sinon, vous pouvez
en bricoler un avec un film plastique rouge transparent fixé à l’aide d’un élastique
sur la lampe.
_Un
bâton de marche (ou un simple bâton), comme la lampe, c’est un appendice, un
outil pour se rassurer, à n’utiliser qu’au cas où, ou pour faire ses premiers
pas.
_Vêtements
chauds (polaire ou 100% laine et un bon bonnet et tour de cou ou une cagoule,
sous-vêtements thermiques), une couche imperméable et coupe-vent (poncho, parka
hydrophobe,…), bref de quoi bien garder votre chaleur corporelle.
_De
l’eau. Et pourquoi pas de quoi se faire une boisson chaude (réchaud,
thermos,..).
_Carte
et boussole.
_Le
téléphone portable chargé, en ayant prévenu un proche, un voisin,…du lieu de
balade.
_Un
kit de survie, fond de sac : couverture de survie, demi tapis de sol, de
quoi allumer un feu efficacement (briquet et allume feu qui va bien),
cordelette (et tendeurs)…
La
nature vit en grande partie la nuit… Alors…